Scenic City

Le grand plaisir de ce film, c’est le face à face entre deux comédiennes fascinantes : Ingrid Bergman et Liv Ulmann. Un affrontement en huis clos émotionnel et psychologique, que Woody Allen essaya de copier — assez maladroitement — dans « September ». Dans un presbytère de la campagne suédoise, une mère et une fille ne se sont pas vues depuis sept ans. La mère, Charlotte, est une pianiste professionnelle, la plupart du temps en voyage aux quatre coins du monde. La fille, Eva, est l’épouse d’un pasteur et vit dans le décor fixe de sa maison.
L’art de Bergman réside dans cette sensibilité à filmer des visages de femmes et de mieux s’infiltrer dans leur âme. Et, dès l’ouverture de « Sonate d’automne », il implique son spectateur dans l’intimité de ces deux femmes, lorsque Eva s’adresse directement à la caméra… Dès son arrivée, Charlotte écrase sa fille par ses reproches, mais aussi en lui donnant une leçon d’interprétation d’une sonate de Chopin. Charlotte fait tout pour que Eva se sente en position d’échec. L’affrontement est inévitable, faisant remonter à la surface de douloureux secrets. « Sonate d’automne » est un des plus beaux, des plus émouvants et des plus angoissants films d’Ingmar Bergman. Les visages s’y transforment au fur et à mesure de l’affrontement verbal et l’on est pris dans une tension et une émotion dont on ne sort pas indemne. Un très grand moment de cinéma. FANTASTIQUE !!